« Quand les bateaux s’en vont »

Des enfants rêvent –

Des adolescents hésitent –

Des adultes regrettent –

Des vieillards rêvent –

Et les sages maisons surveillent du haut des remparts.

Extrait de : Au fil des côtes de Québec, Simone Hudon, 1967

Texte vu sur le pont supérieur du traversier de Québec à Lévis.

L'homme a commencé nomade. A pied, il se déplaçait jusqu'à un jour se fixer. L'évolution continua son cours. L'homme a toujours eu le besoin de se déplacer de plus en plus vite, de plus en plus loin... cheval, vélo, moto, voiture, bus, train, bateau, avion...

Tout ces moyens, à l'exception d'un, sont fiables. On sait à quelle heure on part, et excepté problème, à quelle heure on arrive.

En bateau, on a une idée de quand on part, suffit juste que la météo soit clémente... , mais de là à savoir quand on arrive... Il ne faudrait pas trop en demander...

Une question se pose alors. Qu'est-ce qui pousse l'homme à choisir un moyen de transport peu fiable, exigu, inconfortable, où l'intimité laisse à désirer, où l'humidité est omniprésente..? L'homme est-il malade d'accepter de se faire secouer sur une espèce de coque de noix au beau milieu de ces immensitées bleutées...

Accepter de partir sur une machine où il faut être sans cesse aux aguets, dont la vitesse de pointe ne dépassera pas celle d'un bon cycliste...

L'homme souffre-t-il pour accepter tout cela? L'homme ou plutôt le marin est malade de cette vie commune, terrestre. Son coeur se met à battre lorsque ses pieds sentent se dérober le pont du navire. Là, il y trouve sa stabilité.

Paradoxe dans un monde en perpétuel mouvement... Lui qui est malade de cette vie commune, terrestre, se plait à vivre en communauté avec son équipage. Seul le marin a une confiance aveugle envers son collègue de travail. C'est lui qui est sur le pont lorsque l'autre se repose dans les entrailles du navire. Et inversement toutes les 3 à 4 heures, en fonction du jour ou de la nuit.

Non seulement il se plait dans un lieu exigu, où le confort est quasi-absent ainsi que l'intimité, mais en plus, il y passe des jours, des semaines, des mois...

L'homme se plait en mer, et la mer plait à l'homme....

"Partons du début:

Au commencement il y avait des gars d'horizons et de caractères différents qui ne se connaissaient pas et qui n'étaient pas censés se rencontrer.
Au commencement il y avait juste des bateaux en bois, des rames, des voiles et un fleuve.
Au commencement il y avait un point de rendez vous: Le Paliria

Au commencement c'était un pari car cela ne ressemblait en rien aux schémas classiques de l'amitié.

Puis vint ces 4/5 puis 6 années, celles qui leurs étaient données pour réussir ce pari.
Ces gars ont appris a vivre en équipage et en groupe. On leur a enseigné quelles etaient les vraies notions de l'effort, de la solidarité, du respect de l'autre, du partage et de la responsabilité.
Ils ont compris ces notions et se sont efforcés de les cultiver dans le cadre d'une activité vraiment hors norme ou chacun en garde des souvenirs plein la tête. Quelle chance avons-nous eu!

Sans vraiment s'en rendre compte, ils construisaient leur amitié sur des assises solides basées sur la vérité et l'authenticité.

Ils ont ensuite transportés leur amitié en dehors des scouts en gardant cette authenticité.
Il leur suffisait de pas grand chose pour s'amuser. Pas besoin d'artifices, pas besoin de se prendre pour celui qu'on est pas. Je pense que cet état d'esprit a fait notre spécificité. Lorsque les masques tombent, les liens d'amitié ne peuvent être que plus fort.
Ils ont formés un groupe solidaire sur lequel chacun a pu s'appuyer a un moment ou un autre. Ce groupe a toujours réagit en ami aux choses magnifiques et parfois plus tristes de la vie.

Tous ces gestes, tous ces moments forts nous ont soudés encore plus.

Maintenant je pense qu'on est peut être un peu plus que des amis. Un truc entre la notion d'ami et celle de famille. Peut etre une famille par le Coeur. Dans laquelle chacun aime s'y ressourcer et y puiser de l'énergie pour continuer d'avancer. C'est vrai, qui de vous peut m'affirmer que lorsqu'on se réuni, c'est pareil que lorsqu'on voit d'autres très bons potes?

Dans un monde souvent difficile et cruel, cet îlot de sérinité doit ressembler pour certain à de l'utopie.

Alors à nous de le préserver car avec le recul, je pense que nous vivons quelqquechose de très rare.. "

Merci Charlet pour ce texte dans lequel beaucoup s'y retrouveront...

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